L’investisseur – Point de vue: Pourquoi diversifier son portefeuille maintenant?
La volatilité est réapparue à l’échelle mondiale en 2018. Bien que les marchés boursiers aient démarré la dernière année en force, une certaine inquiétude continue de s’insinuer tandis que l’année avance. Les facteurs expliquant cette légère hausse de volatilité ne manquent pas, allant des préoccupations concernant le ralentissement de la croissance économique mondiale à la hausse des taux d’intérêt en passant par une augmentation des tensions commerciales et un climat géopolitique toujours incertain. Dans un tel contexte, les actions mondiales ont accusé un rendement négatif durant le quatrième trimestre de 2018 tandis que l’indice MSCI Monde a reculé de 8,4 %. Après avoir connu une baisse catastrophique de près de 6 % en octobre, les titres mondiaux se sont redressés en novembre avant de dégringoler de nouveau en décembre. En raison de cette conjoncture, nous sommes fermement convaincus que la diversification des portefeuilles institutionnels est plus pertinente que jamais.
À titre de rappel, la diversification vise à réduire au minimum la volatilité des portefeuilles en répartissant les actifs entre diverses catégories associées à différents facteurs de rendement et à des corrélations imparfaites. Du point de vue de la volatilité, depuis la récession de 2008, les portefeuilles qui étaient bien diversifiés ont généralement bénéficié de taux de volatilité plus bas, contrairement à ceux qui étaient moins diversifiés. Cependant, ils ont également connu un rendement inférieur à celui des portefeuilles comptant davantage d’actions, puisque ces derniers ont pu profiter pleinement des politiques accommodantes des banques centrales, lesquelles ont aidé les actions mondiales à dominer le marché pendant près de dix ans après la reprise économique.
Dans le présent document, nous expliquons pourquoi le contexte actuel constitue un moment opportun pour réévaluer le risque systématique présenté par les portefeuilles contenant seulement des catégories d’actifs traditionnelles. Nous proposons ensuite des catégories d’actifs non traditionnelles à inclure afin de diversifier les portefeuilles et d’en réduire la volatilité, avant de terminer par une présentation des catégories d’actifs liquides et illiquides non traditionnelles pour lesquelles les clients peuvent opter.
Conjoncture
En septembre 2018, nous avons remarqué que les marchés étaient passés à un contexte de « transition ». Notre observation s’appuyait sur la situation du marché à ce moment, qui indiquait une transition d’une période de près de dix ans favorable aux actifs risqués vers un repli inévitable du marché qui serait caractérisé par un mouvement des capitaux vers des titres de grande qualité. Même si nous ne croyons pas qu’un tel ralentissement économique soit imminent, ce passage dans un contexte de transition est significatif puisqu’il reflète la réalité de l’économie changeante et du resserrement des conditions financières.
Au cours des 10 dernières années, les marchés des actions et du crédit ont généralement affiché un bon rendement. Nous nous attendons à ce qu’ils connaissent maintenant davantage de volatilité, entraînant possiblement des ventes massives. Le graphique ci-dessous montre que les marchés boursiers ont continué à progresser de façon régulière tandis que la croissance économique et les gains ont généré des rendements pratiquement tout au long de la dernière décennie. Parallèlement, de nombreux marchés obligataires sont toujours onéreux, alors que leur rendement a chuté au cours des dernières années en raison des mesures d’assouplissement quantitatif et des politiques monétaires mondiales. Les obligations des gouvernements canadien et américain font toutefois exception, puisque leur rendement a connu une hausse substantielle au cours des trois dernières années.
Étant donné la reprise qu’ont connue les deux catégories d’actifs pendant dix ans, les évaluations demeurent élevées et dépendent de plus en plus d’actualités favorables, ce qui, de nos jours, est loin d’être assuré. Même si le coût des actifs risqués est élevé depuis maintenant un bon moment, d’autres difficultés viennent maintenant s’ajouter aux préoccupations en matière d’évaluation. Parmi ces difficultés accrues, notons la hausse des taux d’intérêt, comme en témoigne la décision de la Réserve fédérale américaine en décembre d’augmenter les taux pour la quatrième fois en 2018 et la neuvième fois depuis 2015. La hausse du populisme à l’échelle mondiale a embrouillé les eaux commerciales, et les positions protectionnistes viennent mettre en péril les accords commerciaux de longue date après des dizaines d’années de mondialisation. Au cours des dernières années, les manchettes ont été dominées par des décisions telles que le Brexit, la renégociation de l’ALENA (ACEUM) et plus récemment, les négociations commerciales entre les États-Unis et la Chine.
La sensibilité continue du marché à l’actualité et à la publication de données laisse entendre que de nouvelles hausses de la volatilité pourraient être possibles, d’autant plus que les sociétés commencent à voir leurs gains s’essouffler dans une conjoncture de ralentissement de la croissance économique mondiale. La hausse de la volatilité de l’an passé s’est tout particulièrement illustrée par le fait que l’indice de volatilité CBOE (VIX) a triplé à deux reprises en 2018, d’abord en février, puis encore une fois à la mi-décembre
Au cours des dernières années, les actions ont été favorisées par des rendements obligataires relativement faibles tandis que les taux d’intérêt atteignaient des niveaux historiquement bas, ou du moins s’en approchaient. Toutefois, avec la tendance haussière actuelle, la sensibilité du marché à l’augmentation des taux d’intérêt demeure un risque majeur. Et alors que la volatilité continue de s’insinuer dans les marchés, nous ne pouvons exclure la possibilité que les marchés des actions et des obligations accusent une baisse en même temps; la nécessité de renforcer les efforts de diversification au-delà des placements traditionnels devient par conséquent encore plus critique que durant les cycles économiques précédents.
Les perspectives concernant plusieurs catégories d’actifs clés sont plus modérées pour 2019 et les années qui suivront. À notre avis, nous assisterons probablement à un aplanissement de la courbe des prix sous-jacents des actifs risqués avec des cycles d’optimisme et de pessimisme en alternance, des changements sur le plan des chefs de file du marché, une volatilité accrue et une moins grande certitude quant aux rendements. Même si nous ne croyons pas que le ralentissement économique soit imminent, il est toutefois judicieux de se préparer en vue d’une conjoncture plus difficile.
Télécharger le rapport complet