La 16ème carte des risques politiques d'Aon : le climat des affaires se dégrade dans les BRICS
La situation instable en Ukraine a aussi des répercussions sur les autres anciennes républiques soviétiques
Bruxelles, le 11 avril 2014 - La 16ème carte des risques politiques, une carte du monde que le conseiller en matière de risques et courtier d'assurances Aon établit chaque année et qui présente les risques pour les entreprises, révèle une augmentation des risques que courent les entreprises qui font des affaires sur les marchés émergents. Pour l'ensemble des cinq pays dits BRICS, ces risques se sont inscrits à la hausse durant l'année écoulée, qu'il s'agisse des violences politiques, de l'insolvabilité des pouvoirs publics, de l'interférence de la politique dans l'économie. Au total, les entreprises sont exposées aux risques politiques les plus élevés dans 16 des 163 économies émergentes examinées. Dans six pays, la situation s'est améliorée pour les entreprises, ce qui constitue un recul par rapport à l'année dernière : à l'époque, la situation s'était améliorée dans 13 pays, alors que le risque augmentait dans 12 pays.
Les risques augmentent dans tous les pays BRICS
Les risques politiques augmentent, non seulement en Russie, mais aussi dans les autres pays BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud). L'appréciation du risque pour le
Brésil a été relevée de « moyen-faible » à « moyen » en raison de la faiblesse de l'économie et de l'interventionnisme accru des autorités dans l'économie. Cela représente un souci en particulier dans la perspective de la Coupe du monde de football cette année et des Jeux olympiques en 2016.
Pour l'
Inde, un risque politique « moyen » est également d'actualité. L'an dernier, le risque était encore considéré comme « moyen-faible ». La corruption persistante et un niveau raisonnablement élevé d'interférence du politique dans l'économie expliquent cette dégradation du climat pour les entreprises. Les litiges territoriaux, le terrorisme et les conflits régionaux et ethniques contribuent également au risque élevé de violences politiques.
Les risques politiques ont augmenté en
Chine en passant de « moyen » à « moyen-élevé ». Cette hausse est due au rythme moins soutenu de la croissance économique : les impasses de la politique économique et le ralentissement de la conjoncture semblent se renforcer mutuellement.
Pour
l'Afrique du Sud, c'est un risque « moyen » qui prévaut. Malgré des institutions politiques solides, le pays est confronté à des grèves à répétition. La grève est devenue le principal mode de formation des salaires, ce qui entraîne un climat moins favorable pour les entreprises et un alourdissement des coûts de financement.
Ukraine : catégorie de risque la plus élevée ; répercussions négatives sur le climat pour les entreprises
Le conflit entre la
Russie et l'
Ukraine constitue l'une des causes de l'aggravation des risques politiques pour les entreprises. La crise politique en Ukraine et l'annexion de la Crimée par la Russie ont eu pour effet que l'évaluation du risque pour l'Ukraine est passée de « moyen » à « très élevé », la catégorie la plus
haute. Les entreprises qui traitent des affaires dans ce pays courent un très grand risque de voir les paiements en devises fortes devenir impossibles en raison des limitations du système financier. La situation peut aussi conduire à ce que les autorités ne puissent plus honorer leurs obligations financières. L'élection présidentielle à venir constitue également une source d'insécurité économique et politique.
Du côté russe également, le conflit a entraîné un risque accru pour les entreprises. La situation dans ce pays s'est dégradée en passant d'un risque « moyen » à un risque « moyen-élevé ». Le climat des affaires, déjà morose, s'est encore détérioré. L'économie en Russie reste encore et toujours dominée par les autorités politiques. L'impasse de la politique économique a débouché sur un arrêt de la croissance et sur un risque accru de violence politique.
Le conflit a des répercussions dans toute la région. Si la situation semble légèrement s'améliorer dans le Caucase, en Arménie et en Azerbaïdjan, les risques augmentent à présent dans d'anciennes républiques soviétiques comme la Biélorussie, l'Arménie, la Géorgie et la Moldavie.
« L'instabilité de la situation en Ukraine a une influence sur les entreprises belges », explique Jean-Louis Coppers, Administrateur délégué de CRiON, courtier spécialisé en assurance-crédit et risques politiques, filiale d’Aon, « Les entreprises présentes dans la région se font bien entendu des soucis depuis longtemps, mais l'impact sur l'ensemble de la chaîne commerciale constitue un point qui retient l'attention de nombreuses entreprises. De manière générale, les primes ne peuvent qu'augmenter en raison de la forte demande d'assurances, et les assureurs approchent leur plafond maximum en termes de pays ou de débiteurs. »
Moyen-Orient et Afrique occidentale
Les évolutions en 2014 confirment la position relativement forte des plus riches pays exportateurs de pétrole du Conseil de coopération des États arabes du Golfe. Ces pays, si on les compare aux pays d'Afrique du Nord qui disposent tous de ressources financières moindres pour compenser les chocs éventuels, présentent un risque plus faible pour pratiquement tous les risques politiques retenus par Aon. Les trois pays où la situation s'est améliorée l'an dernier (Bahreïn, Oman et les Émirats Arabes Unis) restent stables. En Jordanie, où les réfugiés syriens aggravent les chocs intérieurs, les risques se sont accrus.
Afrique subsaharienne
Les risques politiques ont augmenté pour les entreprises, notamment au Swaziland. Le pays est financièrement tenu à bout de bras par les pays voisins et subit une forte augmentation des risques politiques et des tensions économiques. En outre, le risque d'expropriation est présent.
Le climat s'est amélioré pour les entreprises au Ghana et en Ouganda. Même si le Ghana est confronté à une situation budgétaire déséquilibrée et à une inflation croissante, la hausse des revenus et des investissements a encore renforcé des institutions politiques déjà solides. L'Ouganda continue à souffrir d'une gouvernance trop centralisée et de problèmes considérables en matière de droits de l'homme. La stabilisation du financement des donateurs a toutefois conforté la solvabilité et la tendance à payer les dettes, tandis que l'interférence du politique dans l'économie se réduisait.
Glissements sur la carte et tendances en 2014
Dans six pays, les risques politiques ont baissé : Philippines, Ghana, Haïti, Laos, Ouganda, Surinam.
Dans 16 pays, le climat s'est dégradé pour les entreprises : Brésil, Chine, Érythrée, Inde, Jordanie, Kiribati, Micronésie, Moldavie, Ukraine, Russie, Samoa, Swaziland, Tonga, Tuvalu, Vanuatu et Afrique du Sud.
Aon prévoit pour 2014 les tendances suivantes :
- Paiements en devises fortes : la reprise économique sur les marchés développés et le début d'une normalisation des taux d'intérêt font que le capital est rapatrié des marchés émergents. Cela met encore davantage sous pression des pays présentant une balance commerciale faible. Les risques politiques accrus dans certains des pays les plus importants avec un marché émergent ont affaibli le capital à long terme (BDI). En outre, le risque de mesures visant à assurer la conservation du capital s'est accru. Ces mesures gênent les transactions et le rapatriement des actifs.
- Insolvabilité des pouvoirs publics : si la situation budgétaire se dégrade et que le risque de crédit augmente (comme en Ukraine), tandis que la pression sur les réserves en devises s'accroît, les gouvernements deviennent insolvables. La tendance des pouvoirs publics à honorer leurs obligations diminue. La carte des risques politiques d'Aon compte de tels risques et les met en évidence à un stade précoce.
- En 2014, des élections auront lieu dans de nombreux pays. Cela peut accroître le risque de violence politique et d'interférence du politique dans l'économie, et influencer la capacité du gouvernement en matière de politique fiscale.
À propos de la carte des risques politiques d’Aon 2014
Le conseiller en matière de risques et courtier d'assurances Aon a mesuré les risques politiques dans 163 pays et territoires. La carte donne un aperçu des risques généraux encourus par les entreprises au niveau international, et des risques encourus dans un certain nombre de territoires spécifiques en relation avec les mesures (ou l’absence de mesures) de gouvernements étrangers. Chaque pays repris sur la carte est évalué en fonction de certains types de risque :
- problèmes de paiement en devises fortes,
- insolvabilité des autorités,
- interférence de la politique dans l’économie,
- perturbations dans la chaîne d’approvisionnement,
- législation et réglementation,
- violence politique,
- facilité de traiter des affaires,
- vulnérabilité des institutions financières,
- et capacité des autorités de mettre en œuvre une politique fiscale
Chaque pays a reçu une évaluation sur une échelle qui va de ‘Faible’ en passant par ‘Moyen-faible, ‘Moyen’ et ‘Moyen-élevé’ pour atteindre ‘Elevé’ et ‘Très élevé’. Les pays membres de l’Union européenne et de l’OCDE ne sont pas repris sur la carte en 2014.
Les évaluations sur les pays ont été réalisées sur la base d’une combinaison des analyses effectuées par Aon Risk Solutions conjointement avec Roubini Global Economics, cabinet international d’analyses et de conseil, et l’avis de 26 syndicats ou sociétés d’assurances de Lloyd’s spécialisés dans l’évaluation des risques politiques.
Vous pouvez consulter la carte interactive sur
Aon Interactive political risk map 2014.