La moitié des salariés en Europe ne se sentent pas chez eux dans leur propre entreprise
L’enquête européenne d’AON indique que :
- Seuls 3 salariés sur 10 sont résilients.
- 1 salarié sur 2 déclare que son potentiel n’est pas utilisé pleinement.
- Le sentiment de la précarité de l’emploi est plus souvent imputable à l’employeur qu’à l’économie en général.
- Les entreprises sont menacées d’une vague de burn-out et de bore-out si elles ne font pas davantage d’efforts pour le bien-être de leur personnel.
Les salariés résilients capables de faire face à l’adversité et au stress valent de l’or en cette période de pandémie de Covd-19. L’enquête menée en Europe par la société de conseil en assurances AON indique que seuls 3 salariés sur 10 se sentaient résilients au début de la crise sanitaire. Par ailleurs, 1 salarié sur 2 ne se sent pas chez lui dans son entreprise, et considère que son potentiel n’est à ses yeux pas utilisé pleinement. « Les entreprises qui n’investissent pas davantage dans la vitalité de leur personnel feront face, une année après le début de la crise du Covid-19, à une vague de burn-out et de bore-out », selon l’experte en bien-être Ann De Bisschop.
Les entreprises qui, déjà avant la crise du coronavirus, avaient investi dans la vitalité de l’environnement de travail de leurs salariés semblent en avoir récolté les bénéfices. « Dans l’ensemble, seuls 3 salariés sur 10 se sont sentis résilients, ce qui signifie, entre autres, qu’ils surmontent plus aisément l’adversité et le stress », comme l’explique Marco Van Stiphout, Health Expert de la société de conseil en assurances AON. Dans les entreprises qui se sont engagées dans un vaste programme de vitalité de leur environnement, ce nombre a augmenté et atteint pratiquement la moitié des salariés. Ces salariés sont plus motivés, plus productifs et fournissent un travail de meilleure qualité. Les entreprises sans programme de vitalité comptaient en leur sein, au début de la crise sanitaire, trois fois moins de salariés résilients.
Communication boiteuse
En tant qu’employeur, se concentrer sur la résilience, c’est aider les salariés à opérer des choix pour plus de santé, plus de vitalité et plus de tranquillité financière. « 55 % des salariés ne se sentent pas chez eux au sein de leur organisation, 52 % ont le sentiment qu’ils ne peuvent pas utiliser pleinement leur potentiel et 45 % ne se sentent pas en sécurité. Tous des signaux d’un niveau de résilience peu élevé. », précise-t-il. L’un des problèmes majeurs semble être celui de la communication. Il ressort de l’étude d’AON que, par exemple, 13 % des entreprises ne prennent aucune initiative en matière de santé, alors que les salariés sont 43 % à penser que leur entreprise n’en prend aucune en ce domaine. La chose se répète au niveau de la santé émotionnelle avec 18 % des employeurs qui ne prennent aucune initiative dans ce domaine, tandis que les salariés sont 44 % à considérer que tel est le cas ; il en va de même en ce qui concerne la flexibilité au travail avec des pourcentages atteignant respectivement 12 et 39 %.
« Éliminer ce problème requiert une communication interne et des évaluations. De cette façon, vous obtenez un aperçu des besoins de vos salariés qui vous permet de concevoir un programme de vitalité correspondant. Croire que ce qui fonctionne pour renforcer la vitalité et donc la résilience au sein de l’entreprise X fonctionnera également dans votre entreprise, relève d’un beau malentendu », déclare Marco Van Stiphout d’AON.
L’attention à la vitalité se reflète dans l’approche Covid-19.
Les entreprises qui avaient déjà un vaste programme de vitalité se sont avérées plus rapides et plus énergiques pour aborder la crise du coronavirus. L’étude d’AON montre, par exemple, que ces entreprises encouragent davantage leur personnel à travailler à domicile (63 %) et que, lorsqu’un large programme de vitalité a été développé, davantage de mesures (6,1 en moyenne) ont été prises pour minimiser l’impact du Covid-19 sur l’entreprise. Dans les entreprises sans programme de vitalité, les chiffres sont bien inférieurs, avec seulement 1 entreprise sur 3 qui a encouragé le travail à domicile et une moyenne de seulement 2,6 mesures de minimisation des risques.
« Le Covid-19 a été un véritable test de résistance pour un grand nombre d’entreprises, qui ont essayé de maintenir le niveau de la motivation, de la production et de la qualité du travail presté à un niveau élevé tout en travaillant à distance. Pour promouvoir ceci dans le climat actuel, il faut un leadership basé sur les quatre grands C : communication, collégialité, connexion et « care » (attention). Les entreprises qui y prêtent attention préservent mieux le niveau de résilience de leurs salariés, ce qui aura comme conséquence que l’entreprise et le salarié digéreront mieux cette crise du coronavirus », comme l’explique l’experte en bien-être Ann De Bisschop.
La précarité de l’emploi imputable à l’employeur, et pas à l’économie
Logiquement, le sentiment que les salariés ont de pouvoir conserver leur emploi constitue également un élément essentiel de la résilience. Interrogés sur les principales raisons de leur sentiment de la précarité de l’emploi, quelque 42 % des salariés n’ont pas cité en premier lieu la situation économique générale, mais bien des facteurs que l’employeur lui-même influence. Près de la moitié des répondants à l’enquête d’AON indiquent qu’ils ne sont pas sûrs de leur emploi. Ils estiment que leur employeur n’investit pas dans leur avenir, ils ressentent beaucoup de stress et ont le sentiment que leur entreprise a une culture de licenciement. Mais ils constatent également que leurs compétences ne correspondent pas au contenu de leur travail, ils ont le sentiment de ne pas pouvoir faire face à la charge de travail ou de ne pouvoir parler à personne au travail des problèmes rencontrés dans leurs activités professionnelles.
« Et pourtant, les entreprises ont tout intérêt à donner à leurs salariés le sentiment de la sécurité de l’emploi. Près de 4 salariés sur 5 (79 %) qui ressentent cette sécurité de l’emploi indiquent qu’ils souhaitent rester plus longtemps chez leur employeur », selon Marco Van Stiphout d’AON.
De plus, les salariés non résilients se sentent clairement isolés et limités. Seulement 37 % d’entre eux pensent que leur travail répond à leurs besoins personnels, et seuls 28 % osent se confier à un responsable sur les problèmes qu’ils ont. En outre, la moitié des salariés non résilients disent qu’ils resteront chez leur employeur, même si seulement 1 sur 5 (22 %) estime qu’il peut y utiliser pleinement tout son potentiel.
Compétences du futur
Les entreprises qui prêtent attention aux besoins de leurs salariés, leur proposent les bonnes options et, surtout, les laissent faire leurs propres choix. Par exemple, il apparaît que 88 % des salariés résilients indiquent que leur employeur leur permet de satisfaire leurs besoins personnels, tandis que ce n’est le cas que chez 23 % des salariés non résilients. Les salariés résilients améliorent également leur propre santé et leurs comportements deux fois plus souvent grâce aux propositions ciblées de leur employeur. Ils connaissent ainsi deux fois plus souvent un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée, une motivation et une productivité plus élevées, une meilleure gestion du stress et une vie plus saine.
« Les salariés qui, avec le soutien de leur employeur, se sentent plus en forme et plus en sécurité dans tous les domaines, améliorent le niveau de performance à la fois individuelle et collective. La résilience signifie que les gens sont mieux à même de faire davantage eux-mêmes et sont plus souples, au lieu de se placer en situation de dépendance à l’égard de la hiérarchie de leur organisation. Ils atteignent les scores les plus élevés dans les domaines de l’engagement et de la santé, ils sont préparés à l’ère numérique, ils sont plus flexibles et plus curieux. À un moment où le rythme du changement s’est énormément accéléré, ce sont précisément des compétences dont les entreprises ont besoin pour l’avenir », conclut Marco Van Stiphout d’AON.
À propos de l’étude :
Les données de cette étude ont été collectées en mars 2020, précisément au moment où le coronavirus (Covid-19) s’est transformé en une pandémie mondiale. Les participants à l’étude sont originaires de France, d’Italie, des Pays-Bas, d’Espagne et du Royaume-Uni. 500 participants par pays ont été interrogés ; 20 % de chaque échantillon étaient de hauts dirigeants et 80 % des collaborateurs. Un haut dirigeant est une personne occupant le poste suivant :
- DMU – responsable du budget
- Propriétaire/Fondateur d’une entreprise
- Directeur RH
- C-suite
Les autres collaborateurs ont été classés comme des personnes liées par un contrat de travail à temps plein ou à temps partiel, qui ne sont pas propriétaire/haut dirigeant de l’entreprise. Les données chiffrées dans cette étude sont arrondies à la valeur entière la plus proche.
AON Belgium mène actuellement une nouvelle étude sur l’impact du coronavirus sur l’environnement de travail, les employeurs et les salariés, et en attend les résultats au cours du premier trimestre 2021.