février 2021 – Un an après le début de l’épidémie de coronavirus, 36 % des entreprises européennes sont en train de redéfinir leur stratégie de gestion des risques pour l’année à venir. Trois quarts des entreprises européennes semblent en effet ne pas avoir été préparés à affronter une telle pandémie. Soulignons également que 20 % des entreprises européennes sont encore aujourd’hui en mode survie, ce qui les empêche d’entreprendre tout nouveau projet stratégique. C’est ce qu’il ressort d’une récente étude menée à grande échelle par le bureau de consultance AON, spécialisé dans la gestion des risques.
Avant la crise du coronavirus, pour 80 % des entreprises à travers le monde, les pandémies et autres grandes crises sanitaires ne figuraient pas parmi le top dix des principaux risques encourus. Sept entreprises européennes sur dix n’avaient d’ailleurs aucun plan d’action en cas de pareille situation. L’épidémie de COVID-19 a donc résonné comme un véritable coup de semonce. Les entreprises asiatiques, au contraire, avaient déjà une longueur d’avance : plus de la moitié d’entre elles avaient effectivement un plan d’attaque, avant la crise du coronavirus, pour affronter une éventuelle pandémie contre seulement un quart des entreprises européennes.
Il ressort du Global Risk Management Survey 2019 publié par AON que les pandémies et les grandes crises sanitaires étaient reléguées en fin de liste des risques de nombreuses entreprises, soit à la 60e place du classement qui en compte 69. Rien d’étonnant par conséquent à ce que l’infrastructure des risques de bon nombre d’entreprises n’ait pas été préparée à affronter une telle crise et que de nombreuses entreprises n’aient pas su au début comment réagir face à la COVID-19.
Selon une nouvelle étude menée par Aon, il existait d’importantes différences régionales quant à la manière dont les entreprises s’étaient préparées à réagir à une pandémie et à la mesure dans laquelle elles disposaient d’un plan d’attaque. En Asie (la région APAC), c’était le cas par exemple pour 52 % des répondants contre seulement 27 % en Europe. L’explication tient dans l’expérience acquise des pandémies dans la région APAC, notamment avec le SARS et la grippe porcine.
L’étude avait également pour objectif de déterminer la phase dans laquelle les entreprises se trouvaient actuellement. Les répercussions de la crise du coronavirus diffèrent grandement d’une région à l’autre et d’une entreprise à l’autre. Au début de l’épidémie, les entreprises européennes ont été contraintes au sauve-qui-peut. Quelque 89 % s’en sont bien sorties et ont depuis lors mis en place une taskforce coronavirus résiliente. La plupart d’entre elles ont privilégié l’opérationnel, mais force est de constater que toutes les entreprises ont aussi accordé une attention toute particulière au bien-être de leurs effectifs.
En Europe, 36 % des entreprises se trouvent dans une phase de remodelage (reshape). Elles sont en train de repenser leurs processus opérationnels afin de mieux résister à l’impact d’une nouvelle crise. Ce chiffre est plus élevé que le seuil défini par l’étude actuellement (29 %). Pourtant, 20 % des répondants en Europe se trouvent encore, un an après le début de la crise du coronavirus, en mode survie.
Le fait que 36 % des répondants en Europe se trouvent en phase remodelage est plus qu’encourageant. Les entreprises font des projets de stabilité financière à long terme et tirent les leçons de la pandémie. La crise du coronavirus a mis en lumière de nouveaux risques ainsi qu’une menace croissante des risques existants. Les risques de cyberincidents ont fortement augmenté en raison du nombre important de télétravailleurs et de l’autonomie croissante des plateformes numériques y afférente.
« Le coronavirus est le ‘wake-upcall’. Nous avons entamé une évolution à long terme en matière de gestion de crise et de risques. Les entreprises aux quatre coins du monde commencent à saisir l’importance d’aborder les risques à plus grande échelle. Les entreprises doivent prendre des décisions compte tenu du « Future Of Work », ce qui signifie adopter une perspective plus large en intégrant tous les risques existants ayant des répercussions importantes comme la cybercriminalité, la géopolitique, le supply chain, les changements climatiques et autres catastrophes, les nouveaux risques à faible probabilité, mais dont les répercussions sont énormes… comme ce fut le cas avec le coronavirus », explique Bart Goossens (CCO d’Aon Belgium).
Le bureau de consultance Aon Belgium, spécialisé dans la gestion des risques, fait partie de la multinationale Aon qui, fin 2020, a commandé une étude impliquant les entreprises aux quatre coins du monde et visant à déterminer les répercussions de l’épidémie de COVID-19. Quelque 500 responsables de la gestion des risques, CFO, CEO et CRO de 41 pays, actifs dans différents secteurs, ont été invités à décrire comment ils avaient géré la crise du coronavirus, à expliquer s’ils avaient revu leurs priorités commerciales et à commenter les répercussions de leur gestion des risques avant et pendant la crise.