Les risques et la violence politiques restent source de pression sur les entreprises internationales
- Le risque de conflit international n’a jamais été aussi élevé que depuis la fin de la guerre froide
- Le nombre d’attentats terroristes dans les pays occidentaux double, tandis que le nombre de victimes reste stable. La menace de l’EI s’affaiblit
- Le risque politique a augmenté dans 11 pays
- La menace pour la chaîne d’approvisionnement occidentale est réelle
Bruxelles, le 12 avril 2018 - Le risque de violence politique augmente à l’échelle mondiale, sur fond de tensions géopolitiques croissantes, de l’effritement des gouvernements libéraux démocrates et des retombées des conflits mondiaux. En 2017, les risques politiques ont augmenté dans pas moins de onze pays, pour ne diminuer que dans deux d’entre eux.
C’est ce qui ressort de la Terrorism & Political Violence Risk Map et de la Political Risk Map de la société de courtage et de conseil en assurances Aon. Ces cartes d’Aon représentent les risques mondiaux en matière de terrorisme et de violence politiques ainsi que les risques politiques pour les organisations.
Illustrations
Les illustrations suivantes sont disponibles en haute résolution sur www.aon.be/riskmap.
Terrorisme et violence politique : le risque de conflits internationaux est en hausse
Pour la troisième année consécutive, les pays ayant assisté à une hausse du risque local (17) sont plus nombreux que ceux où le risque a diminué (6). Pas moins de 46 pays (soit 22 % du total) sont aujourd’hui confrontés à des risques élevés ou graves.
Il apparaît également qu’en 2017 :
- 40 % de tous les pays ont été exposés à un risque de terrorisme ou sabotage ;
- 60 % des pays ont été exposés à des risques de troubles sociaux ; et
- 33 % des pays ont été confrontés à des risques de révoltes, guerres ou coups d'État.
Le risque de conflits internationaux n’a jamais été aussi élevé depuis la fin de la guerre froide. La concurrence géopolitique accrue et le manque de leadership dans la diplomatie internationale ont induit une stagnation voire une hausse du risque de conflits armés dans nombre de pays. Nombre de pays occidentaux sont confrontés à une division sociale sur des questions politiques, économiques et sociales et se heurtent également de plus en plus souvent entre eux sur fond de menaces et risques internationaux. De manière générale, la sécurité mondiale des entreprises internationales s’est repliée, tandis que l’insécurité stratégique s’est accentuée.
Alors que le nombre d’attentats terroristes dans les pays occidentaux a pratiquement doublé entre 2016 (96) et 2017 (204), le nombre de victimes est demeuré relativement stable (1 092). L’on peut donc en conclure que les attentats de terreur perpétrés en Occident ont été moins mortels.
La menace de l’EI s’atténue
L’influence mondiale de l’État islamique (EI) semble se replier, même si la menace du groupe terroriste reste bien réelle. En 2017, l’EI a revendiqué des attentats terroristes dans 29 pays sur les cinq continents, chiffre semblable à celui de 2016 mais encore supérieur à celui de 2015 (19 pays). Ce chiffre devrait être amené à diminuer en 2018.
Le secteur touristique reste la cible de prédilection des terroristes et devra continuer de se protéger contre les risques croissants que constitue le terrorisme. En 2017, pas moins de 35 attentats terroristes perpétrés dans le monde entier visaient des entreprises actives dans ce secteur. Les cibles privilégiées sont les hôtels, resorts, nightclubs, l’aviation civile et d’autres pôles d’attraction situés dans des grandes villes.
Risques politiques : les changements climatiques, éléments perturbateurs des chaînes d’approvisionnement
Dans le monde entier, on a assisté à une hausse des risques politiques dans onze pays ; seuls deux ont enregistré un repli de ces risques. La persistance des risques politiques s’exprime également par l’augmentation de la violence politique et la perturbation des chaînes d’approvisionnement. Les pays dans lesquels le risque de perturbation de la « chaîne d’approvisionnement » est en hausse sont de plus en plus nombreux en raison des changements climatiques et de l’incertitude budgétaire.
En raison de la montée de la Chine en tant que grande puissance commerciale, les pays asiatiques se tournent de plus en plus pour leur commerce vers l’empire du Milieu au détriment des États-Unis. Alors qu’en 2000, encore près d’un quart (23 %) des exportations asiatiques étaient destinées aux États-Unis, ce chiffre est tombé à 12 % au cours de ces dernières années. Dans le même temps, les exportations asiatiques vers la Chine ont doublé au cours de la décennie écoulée, pour atteindre environ 23 % aujourd'hui.
En Amérique latine, le risque politique s’est accentué en raison de l’année riche en élections qui s’annonce. D’importantes réformes s’en trouvent dès lors mises en attente au Brésil. Au Mexique, la crainte que les réformes soient annulées ne fait qu’augmenter. Des gouvernements populistes risquent de prendre le pouvoir dans différents grands pays. Les troubles politiques s’accentuent également dans les plus petits pays.
C’est en Afrique que les risques pour les entreprises ont signé la hausse la plus notable. Conflits internes persistants, érosion de la démocratie et scandales de corruption de plus en plus nombreux alimentent la violence politique. Des groupements comme l’EI et Boko Haram abusent de l’instabilité croissante qui règne en Afrique. C’est au Moyen-Orient que l’on continue de trouver différents pays affichant les cotes de risque les plus élevées au monde, comme l’Irak, la Syrie, le Yémen et l'Égypte. Au vu du risque de contagion aux pays voisins de l’instabilité inhérente et de la violence, le commerce et le tourisme font l’objet d’une pression dans l’ensemble de cette région.
Risques en hausse et en baisse
Au total, 163 pays ont été évalués en 2017 en fonction de leur sensibilité aux troubles sociaux, au terrorisme, au sabotage, aux émeutes, à la guerre ou aux coups d’État. En fin de compte, la situation est devenue moins sûre à l’échelle mondiale. Les scores du risque ont augmenté dans les pays suivants : Bosnie & Herzégovine, Éthiopie, Finlande, Honduras, Macédoine, Myanmar, Corée du Nord, Norvège, Pologne, Slovaquie, Espagne, Togo, Trinidad & Tobago, République tchèque, Venezuela, Biélorussie et Corée du Sud.
C’est en Angola, Gambie, au Kenya, à Madagascar, au Portugal et au Zimbabwe que les risques ont par contre reculé.
Les mesures de sécurité contre le terrorisme et les risques politiques nécessitent des connaissances et un Plan de gestion des risques précis
« En Belgique également, les entreprises et institutions se posent des questions et s’inquiètent du terrorisme et des risques politiques », explique Philip Alliet, CEO Aon Risk Solutions Belgium & Country Manager BeLux. « Au sein des entreprises actives à l’échelle internationale, les risques opérationnels sont en croissance constante. Le terrorisme et les risques politiques sont aujourd’hui au cœur de leurs préoccupations. 8 % des attentats terroristes visaient de manière spécifique des entreprises et 3/4 les secteurs du pétrole et du gaz, l'industrie minière, le transport, la construction ou des infrastructures critiques. Mais les événements politiques peuvent aujourd’hui aussi avoir un impact notable sur la croissance et la continuité d’une entreprise.
La Belgique possède une économie très ouverte. Par conséquent, nombre de collaborateurs, unités de production, clients et fournisseurs de nos entreprises belges évoluent dans un environnement de plus en plus complexe. Ce qui signifie également que l’impact sur les travailleurs, l’infrastructure et les opérations doit être identifié et que des solutions opérationnelles et financières doivent être imaginées de manière proactive. Adapter les plans des collaborateurs actifs dans des zones à risque, planifier et assurer la chaîne d’approvisionnement de façon plus dynamique, gérer le cash-flow et les taux de change, protéger les unités de production sont autant d’activités inhérentes à une politique d’entreprise saine. Autant d’éléments qui ont induit une profonde refonte du contenu de la dynamique de gestion de nos entreprises internationales. Nombre d’entreprises continuent de travailler bien plus intensivement qu’auparavant à une politique de gestion des risques stratégique et efficace, incluant des examens réguliers par des management committees et conseils d’administration. En outre, les entreprises se tournent de plus en plus vers le marché des assurances pour trouver des solutions. Le flux de capitaux constant vers ce marché lui aura permis d’élaborer des couvertures de risque novatrices, souvent également très compétitives. Les entreprises aujourd’hui actives à l’échelle internationale ont tout intérêt à s’adonner à une analyse des risques. Les experts peuvent y contribuer en donnant également des conseils pour se prémunir de manière optimale contre les conséquences négatives de chaque scénario. »